samedi 18 février 2012

Mémoire de la dictature à Córdoba - Jour 136

 Les Voyages de GaMa, c'est un grand voyage dans l'espace sud-américain, mais c'est aussi un voyage dans le temps. En 2006, l'Argentine a célébré le 30ème anniversaire du coup d'était de 1976, qui a instauré une dictature militaire jusqu'en 1983. Cette dictature fut appelée à l'époque par le régime "Processus de réorganisation nationale". Une "réorganisation" qui a causé l'emprisonnement politique de 9000 personnes.  15000 ont été fusillées, 1,5 millions se sont exilées, et 30 000 personnes ont disparu.
 
Nous sommes à Córdoba, deuxième ville de l'Argentine. En 2006, a vu le jour la Comisión y el Archivo Provincial de la Memoria, à l'occasion de ce 30ème anniversaire. Nous avons visité les lieux, vendredi 17 février.  Cette commission occupe les anciens locaux du département de police de Córdoba, appelé D2. Dans la rue où est situé le D2, des photos de personnes disparues ou assassinées pendant la dictature ont été affichées en banderoles.


Entre 1976 et 1983, le D2 fut créé pour persécuter et torturer ceux qui était accusés ou soupconnés de "terrorisme d'Etat". Une persécution de type idéologico-politique était dirigée à l'encontre des étudiants, travailleurs sociaux, syndicalistes, militants des partis de gauche, membres de groupes armés et de toute personne suspectée de participer à des activités politiques subversives. Les procédés utilisés par la junte militaire : séquestration, torture, privation de liberté, disparitions et assassinats.


Le D2 fut donc utilisé à cet effet. C'était un Centre clandestin de détention. Comme le dit Ludmila da Silva Catela, la directrice del Archivo Provincial de la Memoria, dans son éditorial du journal "Diario de la memoria", "aujourd'hui c'est un lieu de mémoire, en plein centre de la ville de Córdoba, un espace créé pour se remémorer de l'extreme violence utilisée contre le terrorisme d'Etat. Mais c'est surtout un pont entre les générations, et qui regarde vers l'avenir, dans oublier ni taire le passé. (...) C'est un lieu chargé de tragédie où nous avons du chercher, comprendre, transformer et remplir de contenu et de sens".


Contenu et sens, c'est tout ce qui fait la force et l'émotion d'une salle en particulier, la salle des photos, aux murs couverts de portraits des hommes et femmes disparus ou assassinés. Des portraits d'eux avant la tragédie, heureux, amoureux, en famille. Des vies broyées par la dictature. Dans cette salle, on peut s'asseoir à une table et lire de grands cahiers réalisés par les familles des victimes et qui contiennent des photos, des bouts de vies, des souvenirs, de leurs enfants, frères, soeurs, parents ou amis. Très fort et très émouvant.


Autre lieu, horrible cette fois, de ce "musée de la dictature", ces deux cellules qui ont été laissées en l'état. De la taille d'un cabinet de toilette. A l'entrée de l'une d'elle, on peut lire qu'un prisionnier politique y a végété six ans. SIX ANS ! avant de s'en échapper, en 1981.



Et dans la cour du D2, une grande carte de la ville de Córdoba, où ont été identifiés tous les centres de réclusion secrets de la dictature.


Dans une autre salle, une artiste a été invitée à réaliser des création autour de la mort.





Retour dans la rue, à ses portraits de vie, de jeunes intellectuels morts pour leurs idées.


Comme disent les Argentins, à propos de la dictature, ¡ Nunca mas ! (Plus jamais !)

1 commentaire:

  1. I come back...la dictature en argentine me rappelle bcp de souvenirs..;à l'époque en 1976 j'ai milité pour que la coupe du monde ne se fasse pas en Argentine...il y avait une association le COBA qui avait pour but de boycotter la coupe du monde et de dénoncer la dictature... des manifs, des meetings, des débats et le chanteur Lavillier qui était venu apporter son soutien à la cause dans un de nos meeting à Suresnes...des souvenirs pour moi mais l'horreur pour les Argentins...chapeau bas et respect à tous les Résistants et à ceux et celles qui sont morts sous les coups de la barbarie

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